“Carmen”de Bizet: la fascination qu’exerce la passion, est parfois, particulièrement extrême…

Mardi 19 Janvier 2019- MET Opera house /Tuesday January 19th 2019 “Carmen” by Bizet : Passion’s ultimate hold, can at times, be extreme.

Cette semaine les amis, comme souvent, ces derniers temps, c’est à nouveau à l’opéra, (entre autres), que nous retournons. Génial!

Et Mardi soir dernier, je “retrouvais” avec quelques joyeux camarades, le grand classique, en quatre actes de Bizet, dont je ne me lasse pas, hyper érotique, et “dramatique” au libretto de Meilhac et Halévy, d’après une nouvelle basque, très connue de Mérimée; que Bizet et ses librettistes, ont fait un peu évoluer, pour cet opéra féerique, aux arias incroyablement “chantants”, sensuels et poétiques.

Evidemment, il s’agit de “Carmen”.

Une des grandes “femme fatale” du répertoire de l’opéra.

Un opéra iconique, car donc, incroyablement sulfureux, qu’adore le public, les amis, car évidemment, totalement “politically incorrect” et si juste aussi, sur les mystères, si incompréhensibles parfois, de l’Amour.

En résumé, c’est une histoire simple à raconter: c’est l’histoire d’un soldat, Don José, en poste à Séville, qui va tomber amoureux, d’une “gitane” libre, séductrice, et sans aucun sens des responsabilités, la belle Carmen; alors qu’une jeune femme de son village, la jolie Micaela, l’attend, comme future épouse, Don José; et que sa mère “protège” aussi, en lui donnant de ses nouvelles, régulièrement. Mais Don José, est tellement ensorcelé par sa “Carmen”, qu’il va en perdre son latin, au point, par “bêtise” involontaire au départ, de déserter l’armée, et toutes ses responsabilités, et va alors, ensuite, par jalousie, et certainement colère (décidément), assassiner “Carmen”, qui entre temps, est “tombée amoureuse” d’un autre, un toréador.

Ah la la…

Toujours dramatique, en matière de sentiments “humains” (temporaires ou permanents), et des conséquences extrêmes qui s’en suivent, pour le “héros” qui perd la raison, l’opéra.

Et évocateur aussi, cet opéra, d’une expression culturelle riche, profonde et variée: à la fois populaire, gitane, basque, espagnole, et même militaire, sous différentes formes: le rythme, la musique, la danse, le chant, les vêtements, la notion “d’engagement”.

Une oeuvre, aux trois grands thèmes, pour moi, fascinants, et terrifiants aussi:

1)Celui de la liberté “absolue”, d’une héroïne “vilaine”, riche de qualités et de défauts humains: sensuelle et “amorale” /irresponsable, indépendante et au coeur d’artichaut, intègre et fataliste, honnête et sans “sens du devoir”, “voleuse” et courageuse aussi.

Hyper déstabilisante et hyper séduisante, la liberté, en résumé.

Bref, un être, Carmen, dont la personnalité fait rêver bon nombre d’êtres, ou en tout cas, fascine, (en particulier certain(e)s dans la société, qui, contrairement à Carmen, pour Don José par exemple, comprennent /comprend “l’enjeu” de “l’engagement” vs la liberté, puisqu’il le vit, lui, sur plusieurs plans; contrairement à elle, qui est carrément infantile sur le sujet. (On la comprend; mais si vous me demandez mon avis, c’est tellement le contraire de l’Amour, de ne pas s’engager, ou de demander aussi, un truc irréaliste, et pas porteur d’avenir, à l’être aimé, pour qu’il “prouve” son “attachement”.(Ce qu’elle lui demande, cette “dinde”, à un moment de l’histoire, c’est de déserter l’armée, par Amour pour elle, on rêve).

Et puis aussi, évidemment, l’autre élément qui joue, il me semble, pour Don José, c’est qu’il s’autorise, à cause de sa jeunesse, et de son “ensorcellement”, (et en plus, il n’est toujours pas marié, seulement “promis”), il s’autorise à vivre donc, tel un coeur d’artichaut lui aussi, à vivre donc, une liberté hyper “tentante”, vu l’immense charme de Carmen, un “rêve” qui parait idéal, mais qui va évidemment, lui “coûter”, puisqu’il va effectivement tomber, et rapidement, éperdument amoureux; et de surcroit, de quelqu’un qui ne peut l’aimer en retour, car n’a pas envie d’engagement dans la vie.

Et ne lui propose pas de rester, en tous cas, amis.

Ah la la…

Un opéra, hyper réussi donc, je trouve, sur ce premier grand thème de “liberté absolue”, en matière d’Amour, qui fait donc un peu peur, ou rire alternativement; car évidemment, ça parait un peu irréaliste “d’aimer” profondément, toutes ces “feuilles” d’artichaut…

Car “aimer un peu”, ça parait “fade” évidemment, heureusement…

Car comme disait Lao Tzu:

“Love is of all passions, the strongest, for it attacks simultaneously the head, the heart, and the senses”.

Ouf!

En même temps, comme chacun sait, ça demande un peu de “travail”, dans le temps et la durée, l’Amour, pour rester passionnant; et évidemment il évolue; et donc, ça n’est pas toujours ni facile, ni toujours le cas; mais tant mieux d’ailleurs, ça oblige à se décarcasser!

Et parfois, ça n’est pas simple, car notre coeur, peut être touché de nombreuses manières, mais tant que c’est beau, et porteur de bonheur épanouissant, c’est à cultiver, sous des formes parfois, peu conventionnelles, sans être malicieuses, creuses, ou irrespectueuses de nos propres principes …

Et c’est évidemment donc, un véritable défi, parfois.

Mais l’Amour qu’on a en soi, c’est lui, le moteur de toutes nos relations, et celui à partager de mille manières, avec ceux qui comptent; et qui permet d’être heureux, en toutes circonstances; et c’est ce que j’ai envie de dire à Carmen et son Don José. Et si il est réciproque, génial; et sinon, il faut être cool, car l’Amour qui nous est destiné, il me semble, est toujours vécu.

C’est pas plus compliqué que ça. Et tant mieux!

Et chacun ses propres convictions, sur ce sujet infini.

Qui doit rester beau et le plus idéal possible.

C’est bien plus heureux et enthousiasmant ainsi, comme la vie si jolie!

2) Tout comme pour Don José, le deuxième thème intéressant évoqué pour moi, par cet opéra, qui découle du premier thème, est l’idée suivante: le conflit immense, entre le devoir, et le désir, qui lui fait perdre la raison…

Ah la la…

Le conflit, tout un programme dans cette oeuvre!

Que ce soit le devoir sentimental, familial, ou patriotique; en conflit avec la notion de liberté, de “désir” dans toutes ses expressions (le “banditisme” vs un métier pour survivre, le “voyage permanent’ vs un domicile pour élever sa famille, et avancer /évoluer; l’amour “libre”, et “désinvesti” vs le mariage, pour ne pas souffrir, ou compromettre son identité; la fascination pour la beauté vs la bonté, la sensualité vs le devoir, la mort vs la vie, le fatalisme vs la responsabilité, la “sorcellerie” vs la discipline et le talent à continuellement nourrir en soi, le rituel vs la nature, l’inconnu et la ‘foi”/”confiance” vs la certitude: la poésie “mise en scène” vs le “laisser-faire” spontané ; et que ce soit dans la vie, sous toutes ses coutures, que ce soit la culture populaire ou raffinée, française, gitane, ou espagnole et/ou de tauromachie.

Et il me semble, qu’on essaie depuis la nuit des temps, sur tous les continents, et y compris, à notre époque, de faire vivre toutes ces contradictions “humaines”, selon nos principes personnels, donc, pour être heureux en Amour, dans la vie; et en amitié et de façon familiale aussi.

C’est pour ça, que cet opéra fascine tant, et depuis si longtemps, bon nombre d’entre nous.

Et évidemment, ça n’est pas que facile donc, mais c’est bien ça, qui est passionnant!

3) Et le dernier thème qui m’intrigue enfin, et que je trouve particulièrement fort, résulte des deux premiers, et celui de la “fascination” mystérieuse, irrationnelle, et absolue, qu’un être peut parfois exercer sur un autre, (et parfois, de façon réciproque heureusement, bien que souvent, sur certains plans, différemment pour chacun, et parfois, pour des raisons rationnelles et irrationnelles) et les conséquences dramatiques, (pas toujours heureusement), qui peuvent parfois, s’en suivre aussi. Que ce soit Don José pour sa “Carmen”, et aussi différemment pour sa Micaela; ou Carmen, pour ses différents “love interests”.

Et donc “Carmen”, l’opéra, pour toutes ces raisons si riches, et musicalement aussi, est décidément une de mes oeuvres préférées, et j’étais ravie de le revoir, Mardi soir dernier donc, et de réentendre, ses sublimes arias, en particulier, évidemment, l’aria “star ” de l’opéra: “L’amour est enfant de bohème” …

Ecoutons l’érotisme qui se dégage des violons, on dirait des battements de coeur…

Ecoutons maintenant, l’interprétation de la belle Angela, juste géniale…

Et pour ceux qui aiment chanter cet “air”, les paroles sont incluses dans ce clip, pour les “amateurs”…

Trop gai!

Et figurez-vous que Carmen, au-delà de montrer ses belles jambes, et son physique de jolie fille, à Don José, qui en est scotché; lui offre aussi, une fleur de cassie,”ensorcelée”, à son Don José, à la fin de l’aria; une fleur aux effluves de cannelle, symbolisant la “séduction enchanteresse”, pour “marquer le coup”…

Lisons maintenant, combien, il est sensible à son “ensorcellement”.

Ah la la…

JOSÉ
Quels regards! Quelle effronterie !
Cette fleur-là m’a fait l’effet
d’une balle qui m’arrivait !
Le parfum en est fort et la fleur est jolie !
Et la femme…
S’il est vraiment des sorcières
c’en est une certainement.

Ah la la…

C’est pas charmant?

Et lisons, et écoutons aussi, la déclaration d’Amour, incroyablement poétique, de Don José, plus tard dans l’histoire, pour sa Carmen; où il explique combien, il est “attaché” à elle. Et moi les amis, je ne sais comment elle résiste à tant de coeur, d’honneur, de charme, de vulnérabilité et de force, et surtout d’amour vrai, qui donne envie de s’engager.

Elle ne sait pas ce qu’elle loupe, cette “andouille” de Carmen…

Si si…

Lisons d’abord…

JOSÉ
Oui, tu m’entendras !
Je le veux ! Carmen,
tu m’entendras !
(Il va chercher sous sa veste d’uniforme la fleur de
cassie que Carmen lui a offerte au premier acte.)

La fleur que tu m’avais jetée,
dans ma prison m’était restée.
Flétrie et sèche, cette fleur
gardait toujours sa douce odeur ;
et pendant des heures entières,
sur mes yeux, fermant mes paupières,
de cette odeur je m’enivrais
et dans la nuit je te voyais !
Je me prenais à te maudire,
à te détester, à me dire :
pourquoi faut-il que le destin
l’ait mise là sur mon chemin ?
Puis je m’accusais de blasphème,
et je ne sentais en moi-même,
je ne sentais qu’un seul désir,
un seul désir, un seul espoir :
te revoir, ô Carmen, oui, te revoir !
Car tu n’avais eu qu’à paraître,
qu’à jeter un regard sur moi,
pour t’emparer de tout mon être,
ô ma Carmen !
et j’étais une chose à toi !
Carmen, je t’aime !

Et maintenant, écoutons donc, le grand Roberto, nous le chanter avec immense passion…

Bravo!

Et enfin, écoutons le dernier aria hyper iconique du “Toreador”, le deuxième “love interest” sérieux, de Carmen: vous allez reconnaitre:

Et d’accord, c’est bien, mais bon, moi je préfère Don José, qui aime les fleurs, et l’Amour long terme, si vous me demandez mon avis.

Et sinon, que dire de la production et des chanteurs?

La mise en scène années 30, de Sir Richard Eyre, bien que “classique”, (encore que j’ai adoré la “déchirure sanglante” au milieu de laquelle, deux danseurs classiques, évoluent quelques minutes; pour symboliser l’Amour de Carmen et Don José, à son apogée); fut une mise en scène donc, permettant de “lire” l’histoire, avec facilité et dynamisme, ce qui est toujours un plus; mais pourrait être, un poil, plus moderne.

Et les costumes de Howell, étaient inégaux (je n’aime pas toujours ceux de “Carmen”, qui ne la mette pas assez en valeur, au début du deuxième acte en particulier); et heureusement, ça s’arrange sur la fin, heureusement.

Sinon, c’est bien, il y a toujours de nouvelles découvertes, avec chaque représentation, et surtout, chaque interprète. Et ce soir là, j’attendais donc avec impatience, la performance de notre “frenchy”, Clémentine Margaine, excellente actrice, et beaucoup de charme, joli timbre; mais qui n’articule pas assez je trouve, pour un public francophone ou francophile; je sais, ça compte pour moi, la compréhension du texte.

C’est un rôle pas évident, et sûrement très intimidant, car tout le monde l’attend au tournant en plus, évidemment; que ce soit, pour son entrée en scène, ou à l’heure, de sa dernière heure; qui se doit d’être lascive, ensorcelante, d’une féminité presque insoutenable, d’une sensualité folle, presque féline. Enfin, c’est comme ça, que je me l’imagine, une femme hyper fougueuse, peut-être, un croisement entre la féminité, le charme infini et presque “animal” de Marilyn, la lascivité, la sensualité, la chaleur, la liberté, l’intelligence de Claudia Cardinale, ou autres italiennes de premier ordre, ou d’une autre sublime américaine, plus exotique encore que Marilyn, la sublime Rita Hayworth, ou encore, la beauté, la sauvagerie et la fragilité d’écorchée vive, d’Isabelle Adjani jeune, capable à son contact, d’enflammer, en un instant, l’imaginaire des hommes, comme seules les immenses beautés archétypales en sont capables. Sans parler du charme, des jeunes actrices actuelles, sublimes.

Ça doit être dingue. Faut rigoler un peu, chèr(e)s ami(e)s.

Par ailleurs, Roberto Alagna, le ténor français, comme son nom ne l’indique pas, en Don José, était comme toujours, formidable (c’est un rôle qui lui va comme un gant), fantastique de virilité et de dévotion, qui s’intensifie au fur et mesure de l’histoire, jusqu’à la folie.

Ah la la…

Quelle tristesse pour tous les deux, alors qu’il y a tellement d’autres issues épanouissantes possibles, pour eux. Vous connaissez mon avis sur le sujet.

Et son français, revenons à des considérations techniques, comme vous avez pu le constater, dans mon extrait de “la fleur”, Alléluia, donc est parfait; tellement plus agréable de comprendre avec grande clarté, le texte, plutôt que d’entendre une “mayonnaise”, vaguement gauloise.

Micaela, elle, fut chantée par l’épouse d’Alagna, Aleksandra Kursak, la charmante soprane polonaise, et était, à mon goût, trop “femme”; je préfère, quand il y a un plus grand contraste sensuel, entre Carmen et Micaela, qui pour moi, se doit d’être plus jeune, plus pure; un agneau attendrissant, pour que l’on puisse croire, que Don José choisisse Carmen, à la place de Micaela; si elle est trop pleine de qualités de coeur, et, y compris sensuelle, on a du mal à croire que Don José “l’abandonne”, pour Carmen.

Ah la la…

En même temps, je suis une femme, je ne sais évidemment pas, de quoi je parle; peut-être que justement, le fait que Carmen, représente uniquement l’interdit, un rêve, interdit (quelles que soient les qualités de femme, y compris de coeur et sensuelles donc, de Micaela), est justement la clef /le coeur de la fascination qu’elle exerce, sur l’homme et le soldat, qu’est Don José, tout au long de l’opéra.

Quand au nouvel objet de la passion de Carmen, le toréador, la très belle basse russe, Alexander Vinogradov; très distingué, et charmant comme tout; était parfait, comme Escamillo. Mais bon, ce n’est pas un personnage qui me touche.

Et évidemment, cette magnifique histoire d’amour, enflammée et absolue, entre Carmen et son Don José surtout, m’évoque plusieurs adaptations cinématographiques: une hyper réussie, de Vidor en 1948, avec la sublime Rita Hayworth et le charmant Glenn Ford.

Découvrons “l’électricité” hallucinante entre eux …

Et c’est d’autant plus frappant et flagrant, le “magnétisme” entre eux, que dans la vraie vie, figurez-vous, ils étaient meilleurs amis, ce que sont souvent, évidemment aussi, les êtres qui s’aiment depuis longtemps…

Et m’évoque aussi, une adaptation plus dansée, et plus ibère encore, de Carlos Saura, en 1983, regardons le “trailer” de sa “Carmen”, à la musique sublime de Paco de Lucia:

Et aussi, plus récemment encore, cet immense opéra, inspira aussi une chanson, qui parle de “l’Amour” d’aujourd’hui, pour certains; moins facile à vivre, parfois, visiblement.

Et mon sentiment profond la-dessus, et sur l’Amour, c’est que l’on peut être romantique et réaliste à la fois, si on respecte ses propres principes; ça n’est pas simple, mais c’est faisable; et en tous cas, c’est passionnant, comme la vie si jolie.

Et bien-sûr, la notion de liberté, est toujours hyper fascinante; et un autre artiste, qui parle bien de ça, c’est Kris Kristofferson, car à son époque, l’Amour était assez “libre”; et ça ne l’a pas empêché, comme de nombreux autres; d’être capable de vivre des histoires belles et romantiques; et parfois, qui durent, et parfois, moins; mais en tous cas, toujours de belles histoires, car toujours fidèles, à sa nature à lui, honnête, et hyper romantique.

Découvrons la “cover” de Pink, hyper réussie, d’une de ses immenses chansons, qui plairait forcément à Carmen :

Et dans cette chanson-ci, ce que j’aime, c’est que contrairement à “Carmen”, où chacun des personnages ne chantent que des “airs” qui illustrent leurs propres personnalités “séparées”; ici, c’est un duo, où les amoureux chantent ensemble; et bien que ce soit ici, pour évoquer seulement, un temps court, ils sont honnêtes, et, on peut espérer, que leurs sentiments (qu’ils n’évoquent pas ici, mais on peut imaginer, qu’ils se sont rassurés sur le sujet, auparavant); on peut donc espérer, que leurs sentiments, soient aussi forts, que leurs sensations.

C’est en tous cas, ce que je leur souhaite; car, sinon; ça n’a aucun intérêt.

Vive l’Amour ! Vive l’Espagne! Vive Carmen ! Olé!

Soft…

Fluttering…

Imaginative…

Loving …

Eternal butterflies 😊