La gravité exprimée sous des formes variées peut être particulièrement émouvante.

Pélléas et Mélisande Suite Op 80 de Fauré, Piano Concerto N#3 the Mysteries of light par James Mac Millan et Symphony n#4 in F minor de Tchaikovsky: Jeudi 12 Février 2015 NY Philharmonic. Thursday February 12th 2015 NY Philharmonic: Gravitas expressed in various ways can be particularly moving.

Fauré. J’avais choisi ce concert car n’avais pas écouté ce morceau de Fauré, depuis plus de 25 ans, mais comme toujours, avec moi, la musique, comme les êtres d’ailleurs, quand ils me plaisent profondément, c’est pour toujours. Et ça peut être uniquement à cause de certains mouvements (musicaux), ou de qualités, ou même de défauts attendrissants, et qui– de toutes façons –nous permettent d’évoluer, d’apprécier l’émotion dégagée, ou nous emmène aussi parfois, vers plus de sagesse. Non mais, je m’égare, c’est le propre de l’effet de la musique sur moi – Elle me permet de m’adonner au rêve. Et j’adore rêver…

En ce qui concerne Fauré, avec Pélléas et Mélisande donc, malgré ou peut-être à cause du temps écoulé– je fus saisie, comme si un immense tsunami s’abattait sur moi, d’une immense et très ancienne émotion — venant de très loin, et issue de grandes profondeurs de ma mémoire — — lire/ comprendre –fondre en larmes –dès le démarrage d’un de mes deux mouvements préférés — le premier –le prélude donc –déchirant –annonçant imperceptiblement dès le démarrage, la condamnation/ la damnation/ la mort implacable à venir, suite à l’histoire d’amour/ la passion débordante qui nait entre une jolie fille, Mélisande, mystérieuse, abandonnée dans les bois et deux princes — demi-frères (Golaud et Pélléas) –qui tombent amoureux d’elle —Le premier, décide de l’épouser sur le champ, en la découvrant dans les bois. Le second, également sous son charme –devient son amant.

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Ca se termine évidemment mal –pour les deux amants. Lui est d’abord assassiné par son frère– fou de jalousie– et elle, donne naissance à un enfant (quid de sa paternité ?) et meure en couches. Bref encore une histoire gaie, mais comme chacun sait, l’amour prend parfois des chemins de traverse, enfin, pas toujours heureusement, sinon ce serait épuisant :).

Mais bref, ce prélude est sublime, et particulièrement touchant, pour quiconque est jamais tombé amoureux d’un être, d’un fruit, totalement défendu — Bon et ça n’a pas du aidé qu’en ouvrant le programme — la première phrase lue en anglais –hyper poétique —(j’aime la nature, les papillons, et Fauré vous allez voir). Donc la première phrase lue faisait référence au père — un immense organiste français (j’adore les organistes — des êtres délicats et si riches) et critique musical — d’une très grande amie de la génération de mes parents.

Il s’agit de Bernard Gavoty disant de Fauré “ One could, no more analyze a work of Fauré, than one could dissect the wing of a butterfly”. Je vous traduis ça: “ On ne peut pas plus analyser le travail de Fauré, que disséquer l’aile d’un papillon”. Donc je ne l’ai jamais rencontré lui, mais j’en ai énormément entendu parlé, par une de ses filles que j’adore.

Les coïncidences– toujours une grosse blague– et les morts — enfin les plus géniaux — étant toujours si vivants– C’est bien, c’est réconfortant –si capital qu’ils vivent le plus longtemps possible dans nos mémoires, à défaut d’être toujours physiquement présents — Non mais je m’égare encore. Mais j’adore réaliser, que le temps n’est pas toujours aussi linéaire qu’on ne croit. Et que ce qui compte profondément — que ce soit la musique ou encore plus important — les êtres– comptent pour toujours.

Le deuxième morceau que j’aime dans cette oeuvre, est “la Sicilienne”— pas uniquement à cause de son titre — j’aime aussi immensément la Sicile— mais c’est un autre sujet—

Et ce morceau j’ai appris au passage, avait été composé en 1893 pour une production de Molière— Le bourgeois gentilhomme— qui m’a toujours fait hurler de rire— Chacun son truc :), pour piano et violoncelle uniquement— Il décida de l’inclure au reste de cette histoire tragique, en y ajoutant une flute et une harpe, quelques années plus tard, en 1912. Donc, c’est un morceau que j’ai beaucoup écouté autrefois, et c’est si bon de retrouver le plaisir de redécouvrir une oeuvre qu’on a immensément aimé, et de constater qu’elle vous plait toujours autant. Ah les petites joies de l’existence— c’est aussi capital de leur accorder de la place, que d’en faire pour les grandes.

J’avais envie d’aimer “The mysteries of light” par James Mac Millan—  parce que c’est contemporain, et composé par un anglais (souvent très original le travail des citoyens de la perfide Albion — il faut bien le reconnaitre), et qu’en plus c’était dirigé par un français, Stéphane Deneve— dont c’était la première au Philharmonic, et que le pianiste, était également français (— et que je suis très patriotique— chacun ses défauts:).

Donc le pianiste était également très talentueux (Jean Yves Thibaudet). Et qu’en plus, la très grande amitié qui les rapproche– entre eux– était palpable.

Donc tout ça pour dire que j’avais vraiment envie d’aimer– et ce d’autant plus, que le chef nous donna quelques explications, et nous fit écouter quelques thèmes au préalable– Très amusant et intelligent de mettre le public dans de bonnes dispositions — pour profiter mieux de l’oeuvre—Mais malgré toute cette mise en scène— je me suis ennuyée — profondément.

Et puis, j’étais peut être pas d’humeur à écouter un morceau hyper liturgique— ça n’a pas du aider. Tout ça pour dire — comme quoi, les goûts et les couleurs… Et je m’aperçois, que mes goûts ne sont pas forcément toujours les plus avant-gardistes, mais j’assume!

Tchaikovsky et sa symphony n#4— en revanche, m’a totalement enchanté, pour plusieurs raisons. D’abord musicalement, elle a des caractères par moments hyper originaux — En particulier, vers la fin de l’oeuvre, quand il donne aux violons, une personnalité totalement inattendue et moderne pour l’époque — On dirait qu’ils se prennent pour des guitares, et il y a un mystère et une sérénité dans ce mouvement, qui m’a toujours emballé et dont je ne me lasse toujours pas.

Et puis aussi, parce qu’il y a une histoire romantique liée à cette oeuvre. Et évidemment la princesse au petit pois que je suis par moments, adore :). Tchaikovsky et son mécène la mystérieuse Nadezhda von Meck — étaient totalement amoureux l’un de l’autre, et ne se voyaient jamais– iI lui dédia cette symphonie qu’il appela “notre symphonie et aussi ta symphonie car  je trouve que tu y trouveras un écho de tes pensées, et émotions les plus intimes”.

Et aussi “quand les mots s’arrêtent, la musique démarre”. C’est pas magnifique?