De sublimes musiques, des romances hyper poétiques qui font totalement vibrer mon âme.

Vendredi 26 Septembre 2014 — Lincoln Center NYCB –Donizetti Variations, La Sonnanbula — thèmes de Bellini, l’Oiseau de feu de Stravinsky. Friday September 26,  2014 Lincoln Center NYCB –Donizetti Variations, La Sonnanbula — themes by Bellini, l’Oiseau de feu by Stravinsky: beautiful music mixed to breathtaking romance — an explosive combination that leads my soul to soar.

Donizetti Variations: Comme toujours, la belle musique harmonieuse et joyeuse de Donizetti, inspirait beaucoup de légèreté de gaieté aux danseurs. (“L’elisir d’amore” étant probablement mon opéra comique préféré de Donizetti, par la simplicité et la beauté de ses arias- mais je m’égare).

Des costumes élégants en soie, aux couleurs lumineuses — des roses profonds un peu surnaturels – dignes de Schiaparelli, d’un autre temps– par Karinska (une des costumières russes fétiches de Balanchine, avec lequel elle a collaboré sur soixante quinze ballets d’abord à Paris, puis pendant la 2eme guerre mondiale à New York, et qui aimait les couleurs éclatantes et les broderies, et toute la splendeur de sa Russie impériale natale).

Des costumes en soie donc, qui m’évoquent des tableaux de fêtes galantes de Watteau  — ou comme dirait Verlaine —  “amants lutinent amantes, coeurs tendres, mais affranchis de serments”.

Et Ashley Bouder, une des étoiles de la compagnie que j’aime le plus– était encore plus éclatante de vitalité que d’habitude, électrique, et inspirait son partenaire, le charmant Andrew Veyette à se dépasser encore, à sauter plus haut que d’habitude. Le public était enchanté par toute cette gaieté, énergie, effervescence, légèreté et joie entre tous les danseurs. Bref, un morceau hyper réussi — joyeux et charmant.

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“La sonnanbula” de Bellini

Un de mes ballets préférés depuis de nombreuses années– d’après des thèmes de Bellini– (un autre des mes compositeurs d’opéra préférés — en particulier “Norma” pour lequel j’ai une passion depuis toujours —  mais je m’égare).

Donc “la sonnanbula” –une histoire romantique compliquée comme la vie — une jolie femme mariée (Coquette) épouse d’un homme puissant et âgé, retrouve dans un bal masque m’évoquant Versailles (formidable Daniel Ulbricht en Arlequin –le plus acrobatique des danseurs de la compagnie et dont l’énergie pourrait éclairer 3 cathédrales tellement il est vif –une véritable force de la nature — aux sauts les plus impressionnants malgré –ou à cause de sa petite taille) et les bals donnés par Marie Antoinette dans la Galerie des Glaces.

Danseurs masqués baissent leurs masques physiques et émotionnels –pour les amoureux –et s’éclipsent– les amoureux — les uns après les autres — pour aller s’aimer de façon clandestine, dans le jardin.

La dite jolie femme mariée aperçoit au loin son jeune amant (le Poète), et une fois son mari hors de vue, (formidable Amar Ramasar, en Baron un peu ronchon) le retrouve avec un plaisir évident, et vont évoluer au milieu de la piste de danse –incognitos —protégés des regards–par les autres couples dansant comme eux, avec ardeur.

Sara Mearns (Coquette), très sexy comme toujours, dans sa magnifique robe rouge pailletée était très belle– mais j’étais moins convaincue par la nature de la passion qu’elle est censée ressentir pour son amant-le Poète– (le beau Robert Fairchild– un peu trop conventionnel dans sa beauté, pour moi). Pas assez de feu entre eux.

L’histoire se corse, quand au milieu de la soirée, le jeune amant aperçoit dans une aile du château, la lumière d’une chandelle, qui avance de façon inéluctable, assurée et un peu robotique, vers la piste de danse– Il s’agit d’une superbe créature — une somnambule– à l’aspect spectral presque surnaturel –qui le subjugue immédiatement –à la grande tristesse de sa maitresse.

Et on sent la fièvre qui s’abat sur lui et le consume instantanément —- malgré ou peut être à cause de son Incapacité à elle de le voir — étant un spectre–et de l’aimer en retour.

Un rôle que la magnifique Wendy Whelan qui a 47 ans, et qui en parait 10 de moins — et qui prend sa retraite de la compagnie le 18 Octobre — interprète depuis de nombreuses années, avec un talent incomparable — Son teint d’albâtre, son corps menu, presque émacié, et sa façon de danser depuis toujours, délivrant une grande technique et aussi des qualités à la fois de vulnérabilité, de dureté, à la fois très féminine avec ses longs cheveux blonds détachés, et aussi androgyne et fantomatique, avec son visage anguleux, m’évoque des beautés médiévales d’antan.

Le public, fut comme toujours, séduit et subjugué par cette histoire haute en rebondissements, et par le charme du spectre, plus tout à fait de notre monde, et si soufflant de beauté et de mystère.

l’Oiseau de feu de Stravinsky

Un autre de mes ballets fétiches, que je vois et revois avec autant de joie, d’émerveillement à chaque fois, tellement c’est beau, formidable, génial et évoque comme aucun autre ballet– la liberté, l’amour, la sorcellerie –Un véritable chef d’oeuvre sur tous les plans, et je suis avare de ce compliment, habituellement–

D’abord musicalement– car les danseurs sont d’abord inspirés par la beauté musicale- et comme beaucoup de génies musicaux — les grandes œuvres, leur viennent souvent jeunes. Stravinsky n’avait que 27 ans quand il a composé ce ballet — son tout premier d’ailleurs — commissionné à Paris —

Et dès l’introduction mystérieuse, vous fait plonger dans un univers fantastique au sens propre comme figuré. (Ce qui n’est pas sans me rappeler, des introductions typiques de Mahler ou Beethoven, dans son démarrage, à la fois doux et intense — -qui déploie son ampleur tranquillement) — oh joie–comme les ailes de l’oiseau de feu qui danse -que le thème musical décrit.– (Sublime Teresa Reichlen m’évoquant avec ses jambes infiniment longues– qu’elle déplie l’une après l’autre —  avec légèreté et grâce — une jolie et majestueuse aigrette rouge, se déplaçant de façon délicate dans un marais– dans son costume carmin court — mettant en valeur les dites jambes :).

Il s’agit d’un oiseau – un oiseau de feu—magique, dont les plumes magiques donnent beauté et protection à la Terre.

Les costumes magnifiques de Karinska (grande costumière russe fétiche de Balanchine) éclatants d’originalité, contribuent largement à créer une ambiance de conte de fées –d’une grande poésie, créativité, complexité que ce soit pour l’oiseau de feu, le beau chasseur, les princesses aux robes évoquant la Russie impériale, ou les créatures monstrueuses, du sorcier maléfique Kastchei.

D’ailleurs, sur ces costumes, elle collabora aussi, avec le génial Marc Chagall — responsable des décors monumentaux et à couper le souffle du ballet (rien que pour ces toiles fantastiques, il faut aller voir ce ballet) — six larges toiles monumentales d’époque, évoquant son univers surnaturel si incroyablement poétique, aux couleurs riches et chaudes.

Le prince (le séduisant, grand, félin, élance) Ask La Cour — très beau en tenue de chasseur– réussit à être particulièrement émouvant avec Teresa  — quand ayant réussi à capturer Teresa avec son arc –tel Actéon le grand chasseur, elle le supplie de lui rendre sa liberté, et lui promet de lui venir en aide –en échange– grâce à ses pouvoirs magiques–  magnifique hymne à la liberté—dansé entre eux –avec beaucoup de tendresse.

D’ailleurs, l’oiseau tient sa promesse, et vient en aide au Prince, quand le sorcier maléfique Kastchei enlève la princesse dont le prince tombe amoureux, (charmante Savannah Lowery en Princesse– gaie, jolie et souriante bien que pas tout à fait assez majestueuse à mon goût) et enchante le sorcier et ses sujets — Chorégraphie également très amusante et moderne des créatures — dans la tanière du sorcier maléfique, et de ses “sujets” terrifiants.

Et scène finale splendide–à la mort de Kastchei — réunissant le prince et sa princesse qui se retrouvent alors, dans une allégresse générale, dans leur palais.

Les sublimes décors et costumes grandioses, qui concluent ce ballet contribuent aussi largement à laisser au public en cadeau, une dernière saveur délicate et exceptionnelle en bouche.

Je ne m’en lasse jamais.