Mardi 08 Janvier 2019- MET Opera house /Tuesday January 08th 2019-“Adriana Lecouvreur” by Cilea: embodying beauty and bliss, is the key to lasting, shared happiness…
Cette semaine les amis, pour démarrer avec grand enthousiasme, et joie immense, 2019, c’est à l’opéra (entre autres) que nous retournons. Génial!
Et Mardi soir dernier, je découvrais accompagnée de quelques amies, un opéra (en quatre actes), nouveau pour moi, de Cilea, “Adriana Le Couvreur”, au libretto hyper imagé du grand poète Colautti, d’après une pièce de Scribe et de Legouvé.
Sulfureux, abracadabrant, et dramatique.
Et en résumé, cet opéra est néanmoins réjouissant, parce qu’il pétille de beaucoup d’amour aussi, malgré sa tournure inattendue et tragique.
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Un opéra les gars, donc passionnant.
Admirons son “trailer”:
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Et tiré, figurez-vous, d’une histoire vraie, tissée d’intrigues politiques et sensuelles, au XVIII, comme ce siècle en avait le secret. Un drame donc, débordant de passion, d’amour, de haine, de jalousie, de vengeance et de meurtre (la seule chose réellement imaginée par Cilea, bien que des attentats à la vie de l’héroïne dans la vraie vie aient eu lieu, et que sa mort soit également assez mystérieuse). On se croirait dans une version plus romantique, des “Liaisons dangereuses” de Laclos. En plus romantique heureusement, parce que les deux héros, Adriana et Maurizio s’aiment réellement, eux, tous deux. Admirons donc, un extrait au premier acte, où Adriana incarne donc, beauté et bonheur pour son Maurizio:
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Et donc, les héros s’aiment, bien que soient victimes, de la noirceur environnante d’une rivale, jalouse (une princesse).
Admirons maintenant, le “crêpage de chignon” des deux “rivales”, plus tard dans l’opéra:
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La-dite princesse de Bouillon, empoisonnera notre Adriana, au dernier acte (des violettes “trafiquées”). Décidément, la princesse rivale, on va lui dire deux mots, une fois que je vous aurais raconté l’intrigue; et lui dire aussi, ce qu’elle aurait du faire de plus constructif, à la place!
Mais place donc, à l’ambiance “corrosive” amorale, et “noire” des “Liaisons dangereuses” de Laclos, pour vous donner une idée, de l’atmosphère cynique et sensuelle, de ce siècle libertin.
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Mais, je vais trop vite.
Heureusement donc, l’Amour d’Adriana pour son Maurizio, et réciproquement, imaginés par Cilea, et son librettiste, est bien plus romantique et poétique donc, en dépit de son amoralisme total.
Et cet amour épique, est inspiré de faits pseudo-historiques:
“Adrienne Lecouvreur” (Adriana dans l’opéra), était une véritable actrice de la Comédie Française au XVIIIème.
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Une actrice, Adriana, renommée pour son charme dévastateur et sa diction “naturelle” (contrairement à la diction “déclamée” de l’époque), amie et confidente de Voltaire, et surtout amoureuse, du fils illégitime du roi de Pologne Augustus II, le charmant, et “coureur de jupons”, Maurice de Saxe. (Maurizio dans l’opéra, dont elle croit, au début de l’oeuvre, qu’il est une enseigne du Comte de Saxe, alors que, le Comte de Saxe, c’est bien lui);
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Et Adriana, dans la vraie vie, sera donc, la maitresse pendant neuf ans, de son Maurizio, le comte “coureur”; et qu’une duchesse jalouse (une princesse dans l’opéra), politiquement utile au Comte, mais dont il n’est pas amoureux, cherche à se garder, pour elle toute seule, en “agressant” plus tard, la-dite Adriana (dont le comte “Maurizio” lui, est fou amoureux); et à qui, Adriana offre, en début d’opéra, des fleurs (des violettes symbolisant l’innocence, l’abondance et un véritable amour) pour exprimer envers son bien-aimé, ses sentiments authentiques et romantiques.
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La princesse donc, va “agresser” la charmante Adriana, au théâtre (et dans l’opéra); mais, Adriana, se vengera, au moyen d’un bracelet “égaré”, dans l’opéra (un peu comme le mouchoir en dentelle “d’Otello”) et lors d’une production de “Phèdre” dans l’opéra aussi (comme dans la vraie vie, l’épisode de “Phèdre”).
Et peu après, Adriana trouvera la mort, dans des circonstances mystérieuses (dans la vraie vie), et empoisonnée donc, par sa rivale, dans l’opéra.
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Et, pour en rajouter, encore, une couche de “drame”, Adriana, est également, figurez-vous, convoitée par trois autres hommes, tous grands séducteurs: Michonnet, le stage manager du théâtre, éperdument amoureux d’Adriana; le prince de Bouillon, qui n’en n’est pas, comme beaucoup, à l’époque, vous allez le constater, à une maitresse près (amant, d’une autre actrice aussi simultanément); et l’Abbé de Chazeuil (sans commentaires), qui sont tous, sous le charme de l’exquise Adriana. Ah la la…
Pour vous le démontrer, lisons les compliments charmants, dont abreuvent ces hommes, à de multiples actrices, y compris, à Adriana, je vous le promets:
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(While the Prince and the Abbé, with Michonnet, go to greet the actresses, Quinault and Poisson sit at the table to finish their interrupted game of chess.)
The Prince – (to Jouvenot)
Mademoiselle, what do we call you this evening?
M.lle Jouvenot – (with a smile) Zatima…
The Abbé – (to Dangeville, with affected courtesy)
And you?
M.lle Dangeville – (mawkishly) Lisette…
The Prince – You’re a real Sultana of the Seraglio…
The Abbé – And you’re the Goddess of Spring…
M.lle Jouvenot – (baring her shoulder)
Your Highness, this beauty-spot…
The Prince – (bending as if to kiss it)
A target for Cupid’s arrow…
The Abbé – (to Dangeville) I’m on fire for you…
M.lle Dangeville – (with a burst of laughter)
Abbé, here’s my fan… (The Prince, standing behind Jouvenot, stares hungrily at her beauty-spot as she goes on powdering her arms; the Abbé admires Dangeville, who pretends to be repeating her lines while she fans herself.)
The Prince – Flower of Love, weapon of Venus,
gentle beauty-spot that shines on your bosom
like a star in the evening sky
above a silver sea,
steer our gazes,
Argonauts of desire,
towards the harbor of oblivion …
The Abbé – Swan of Leda,
the feathers wave
above your marble breast,
the altar of Artemis;
if our ardor is kept in check,
you kindle the hidden fire
of a thousand more…
(The two men withdraw and go to take a peek at the stage from the doors, which are left ajar. The two actresses laugh, winking.)
The Abbé – (to Michonnet) And Madame Duclos?
The Prince – (feigning nonchalance) Indeed, Duclos?
Michonnet – (wryly) She’s dressing…
M.lle Jouvenot – (winking)
You mean she’s undressing…
M.lle Dangeville – (venomously)
To look more heavenly!…
The Prince – (impatiently, to Michonnet)
What’s on tonight?
Michonnet – Bajazet in a moment;
then Love’s Follies…
The Abbé – There’s a full house.
Michonnet – I’m not surprised…
Duclos and Adriana in the same tragedy!
The Prince – (enthusiastically) Duclos is supreme!
Michonnet – Lecouvreur is heavenly!
M.lle Jouvenot – (with a grimace)
I can’t see her in the sky…
The Abbé – (hesitantly) She speaks the lines well…
M.lle Dangeville – A fluke.
Michonnet – Here she is… be quiet!
Scene III
Adriana and the above. Adriana Lecouvreur, in an oriental costume as «Roxane», wearing a diamond necklace and with ostrich feathers hanging from her waist, enters from the left, holding her script. The two actresses turn spitefully away from her; the Prince and the Abbé bow; Michonnet regards her raptly. Unaware of them all, she remains at the back of the hall.
3 Adriana – (slowly repeating her part)
«I surrender to the rule of Sultan Amurat…
Begone, all of you! Let every door be closed to him…»(pensively) No, it’s not quite right…
(she advances, and repeats, more solemnly)«Begone, all of you! Let every door be closed to him, and may the Seraglio regain its holy peace…»
The Prince – Splendid!
The Abbé – Marvelous!
The Prince – Muse!
The Abbé – Goddess!
The Prince – (kissing her hand) Temptress!…
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Avouez que, c’est joliment écrit.
Mais Adriana, modestement, rétorque de façon poétique, qu’elle n’est que l’instrument d’un créateur génial.
Evidemment, ça ne la rend, que, plus séduisante encore, cette grande modestie. Mesdames, prenons-en de la graine.
Lisons son texte, puis écoutons-la, nous le chanter.
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Adriana – (with genuine modesty)
That’s too much, gentlemen!
Look, I hardly breathe. I am the humble handmaid of the creative genius.
He gives me speech, I send it to the heart. I am the voice of poetry,
the echo of human drama,
the fragile instrument,
the slave of the creator’s hand…
Gentle, joyous, terrifying,
my name is Fidelity.
My voice is a breath
that dies with the dawn…
The Prince – What do you seek?
Adriana – The truth…
Admirons la maintenant, nous chanter ce très bel aria (mon préféré de cet opéra).
Ici, interprété par la belle talentueuse, Kiri Te Kanawa:
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Vous suivez toujours?
Bref, les deux femmes se retrouvent, après un concours de circonstances incongru, nez à nez, à un rendez-vous galant.
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La princesse s’étant vu offrir quelques minutes avant, par Maurizio, les violettes offertes au premier acte, par Adriana (quel salaud, qui protège ainsi, les apparences de son amour “éteint” pour la princesse, par intérêt politique. Bravo, c’est du propre). Ah la la…
Et Adriana, dans un premier temps, aide la princesse à s’échapper, car son Maurizio le lui demande, et lui demande de lui faire confiance, et quand toutes deux, réalisent la supercherie et trahison, évidemment, elles chercheront chacune, à se venger de Maurizio, et aussi, l’une de l’autre (le bracelet à la Shakespeare, et les accusations de “Phèdre”, pour Adriana), et de “l’agressivité” pour la princesse, se référant aux violettes “offertes” lors du rendez-vous galant, et autres piques viles, à l’intention d’Adriana.
Ah la la…
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Et lorsque en fin d’opéra, Maurizio rejoint alors, son Adriana, pour lui déclarer sa flamme, et s’excuser de son comportement, c’est trop tard, Adriana est empoisonnée par des violettes “trafiquées”, renvoyées le matin même, par la princesse; et meurt alors, dans les bras de son amoureux.
Ah la la…
Vive l’opéra, toujours tragique à souhait!
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Et la production baroque et rococo, magnifique, de Mc Vicar, apportait beaucoup, à l’atmosphère abracadabrante, amoureuse et empoisonnée; tout comme les magnifiques décors, d’Edwards, ou les costumes, de Reiffenstuel, sans parler, du joli ballet, chorégraphié par Andrew George.
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Et les chanteurs, furent tous, fabuleux, Mardi soir dernier:
Que ce soit Anna Netrebko, la sublime soprane russe, comme actrice incomparable, et amoureuse, innocente et authentique.
Tout comme sa “rivale”, la mezzo géorgienne, Anita Rachvelishvili, plus applaudie encore, (et c’est dire, car Anna Netrebko est adorée ici, par le public), donc hyper applaudie la belle Anita, pour son interprétation particulièrement réussie, d’une aristocrate “pissed off”, comme on dit ici, de n’être plus aimée, de son Maurizio, et qui en perd la raison.
Pauvre loute, qui ne devrait avoir l’élégance de ne vouloir que, et surtout si elle l’aime vraiment, de ne vouloir que donc, le bonheur de son Maurizio, plutôt que d’être bêtement jalouse, et qui en serait récompensée plus tard, j’en suis sûre, par le destin, d’une manière ou d’une autre, pour son attitude noble et généreuse, et sera alors, aimée un jour, en retour, par un être qui l’apprécierait réellement. Mais si!
Et en plus, et surtout, si son Maurizio, ne voit pas ses qualités à elle, dans la durée, les gars, il ne mérite pas son amour, c’est pas plus compliqué que ça, les gars, voilà même, ce que je lui aurait dit, les amis. Mais bon, sinon il n’y a pas “d’opéra/théâtre”, évidemment.
Et le ténor polonais, Piotr Beczala, fut, comme à son habitude, charmant et plein de vitalité, pour évoquer Maurizio, ce coureur de jupons talentueux, et néanmoins, réellement amoureux, d’une seule femme (c’est le seul truc qui le rattrape, pour moi, ce grand chenapan).
Tout comme j’adore, depuis toujours, le baryton italien, Ambrogio Maestri, comme Michonnet, un être, doux et amoureux et gentil, pour son amie Adriana; qu’il protège, tout du long de l’histoire, par générosité de coeur.
Et sachez aussi, que cette histoire fut également adaptée au cinéma, de nombreuses fois, et notamment en 1928, avec “Dream of love” de Niblo, avec la grande Joan Crawford, comme “Adrienne”.
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Et aussi en 1938, par l’Herbier, avec la belle Yvonne Printemps, comme “Adrienne”.
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Tout ça pour vous dire, que cette histoire eut un retentissement important, sur la vie culturelle occidentale, pendant de nombreux siècles, car évidemment, le thème de la jalousie entre rivales, est lui aussi, intemporel.
Et à y réfléchir, pour la princesse, un autre conseil, aussi, aurait peut-être été, pour elle, de tâcher de faire vivre une immense amitié avec son Maurizio, une fois son “amourette” initiale éteinte, (les “amourettes” s’éteignent, toujours au bout de quelques temps, les amours, eux, jamais, bien qu’ils se dépassent, parfois aussi, Mesdames). Et tout est toujours évolutif, évidemment.
Et tout le monde possède évidemment, pour complexifier les choses, une part d’ombre comme de lumière aussi, et l’important, c’est évidemment d’essayer de donner le plus de place à la lumière, qui nous habite.
Et tout ça, c’est évidemment passionnant!
Je me dis donc, qu’elle devrait se savoir capable, la princesse, d’inspirer donc, non seulement de grandes passions, mais aussi, d’immenses amitiés masculines, également magiques et évolutives, et même si autrefois, a pu être déçue en amour, (c’est généralement bien plus facile à gérer l’amitié, et c’est toujours hyper sympa), et comme ça, tout le monde serait content!
Et par exemple, Françoise Rosay, cette immense actrice de chez nous, d’autrefois, le savait pertinemment.
Elle savait, qu’elle pouvait inspirer à Jean Louis Barrault, dans “Drôle de Drame”, un chef d’oeuvre daté de 1937, de Marcel Carné, une passion sans précédent.
Une histoire abracadabrante aussi, cette oeuvre surréaliste, aux dialogues de Prévert (décidément), pleine de quiproquos, plus drôles les uns que les autres, où les personnages les plus terribles, Barrault, en particulier, est également capable, d’être l’amoureux, le plus romantique qui soit, ce tueur de “bouchers”, et où les fleurs sont hyper présentes, les violettes, tout comme surtout, les mimosas (qui eux, incarnent l’idée de soleil, de joie, de sensibilité exacerbée, d’amour secret et de sécurité) et d’autres encore, s’épanouissent tout au long de ce film farfelu et imaginatif, “Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre” comme dirait Jouvet, qui détestait Michel Simon, dans la vraie vie, d’où la drôle d’ambiance entre eux, à table en particulier. Ah la la…
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Et Barrault, offre lui aussi, un sublime bouquet à sa Françoise, aux beaux cheveux roux dans ce film (comme Maureen O’Hara), qui lui plait tant, sa Françoise, et qui est un véritable “gentleman”, avec elle.
Et il aime, en particulier, le prénom “Daisy”, une marguerite, dont il parle à sa Françoise. Evidemment que ça m’enchante tout ça. Evidemment.
Alors pour Barrault, une chanson d’antan, à propos d’une “Marguerite”, vous n’allez pas être déçus:
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Et il lui parle d’Amour aussi, évidemment, de façon simple et poétique. Comme il se doit. Et notamment, dit une chose très juste, et magnifique:
“La vie est belle, il ne faut pas la salir”.
Et une autre, car j’aime aussi, les polars, qui m’a toujours fait rire:
“Minuit, l’heure du crime”…
Tout comme Billy et Eva s’aiment aussi, dans ce film, d’une manière charmante, ces deux êtres qui sont, surtout pour Billy, les plus imaginatifs qui soient.
Alors pour Eva, une chanson, d’une autre Eva, qui aime les promenades, le long de rivières:
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Mais j’aime aussi, cette version-ci:
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Mais bon, Al Green, c’est évidemment le plus grand, et donc pour Billy, l’amoureux d’Eva, dans “Drôle de drame”, écoutons le grand Al nous l’interpréter:
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Et pour Jouvet, qui dans ce film, aime les “show girls”, trois extraits de films avec Marilyn:
D’abord, un extrait charmant de “Ladies of the Chorus” en 1948, de Karlson, où Marilyn aime surtout, les oeillets (symbole d’affection profonde et de pureté), en plus des orchidées (symbole de virilité).
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Et maintenant, un extrait de “The Prince and the Showgirl”, en 1957, de Laurence Olivier, où elle est hyper charmante aussi, et chante comme un joli rossignol:
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Ah la la…
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Et enfin, un dernier extrait, pour Jouvet, également “chantant” et enchanteur, de “Gentlemen prefer blondes”, en 1953, de Hawks, totalement surréaliste, un poil matérialiste, et gai!:
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Et pour clore ce premier post imaginatif pour 2019, je vous laisse sur un autre immense chef d’oeuvre, lui aussi, à re-voir, les gars.
“Le Cave Se Rebiffe”, en 1961, de Grangier, car Françoise Rosay, je reviens à mes moutons, sait conserver et faire grandir ses grandes amitiés masculines; ici, avec Gabin, aux dialogues fantastiques d’Audiard.
Juste génial, les gars.
Comme la vie, si jolie!
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Soft …
Fluttering…
Imaginative…
…
Charming…
Loving…
Eternal butterflies 😊