“Swan lake”: L’amour éternel triomphe toujours de la magie noire.

Mercredi 23 Septembre 2015 Lincoln Center -David H Koch theater: “Le lac des Cygnes” de Tschaikovsky/Wednesday September 23rd 2015 Tschaikovsky’s-“Swan Lake”: Eternal love always conquers black magic.

J’avais hyper hâte de retrouver la compagnie du NYC Ballet, sa fraȋcheur, son athlétisme, sa sensibilité, et sa joie de vivre qui m’enchante toujours—
Les danseurs que j’admire depuis quelques années, et dont je connais bien les personnalités, comme danseurs; pour beaucoup, sont très copains, et ça se sent.

Il y a une grande complicité et camaraderie entre eux, qui me touche, et qui était particulièrement présente ce soir là. En particulier, de la part de Troy Schumacher (le fou du roi), qui décochait des sourires à ses copains, et à sa femme, également ballerine— trop mignon…

Et puis, je n’avais pas vu Le Lac des Cygnes depuis un moment. Et je réalise que, comme Casse-noisette, également par Tschaikovsky, je ne m’en lasse pas, car tous les airs — en particulier dans la deuxième partie du premier acte, au milieu des femmes-cygnes au bord du lac, sont soufflant de beauté, de romantisme et d’émotion (y compris plus tard, les harpes totalement enchanteresses, et sans parler d’un solo de violon totalement déchirant et hyper bien interprété).

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Deux bémols néanmoins, à cette soirée délicieuse, en excellente compagnie.

Comme toujours. On dit beaucoup de bêtises ensemble, c’est pas nouveau, et toujours si gai… mais je m’égare…

Donc premier bémol, c’est que j’ai trouvé que le chef Daniel Capps, qui dirigeait l’orchestre ce soir là (c’est souvent Clotilde Otranto, petite dame haute comme 3 pommes et charmante en plus d’être une excellente musicienne, à qui revient ce privilège)— par moments, dirigeait cette musique à un tempo un poil trop rapide, qui manquait un peu de langueur slave — faut pas tomber dans l’excès inverse non plus)— mais la langueur, ça compte dans la vie— chers amis:).

Mon deuxième bémol concerne les décors et les costumes, qui étaient en un mot … hideux (à part les femmes-cygnes évidemment— Dieu merci — elles sont magnifiques toutes ces femmes- cygnes— Ouf!:).
Je sais aussi que l’artiste responsable des décors— le danois Per Kirkeby, est très connu et reconnu au Danemark (pays de Hamlet, prince du Danemark, et amené à assassiner son oncle— faut se méfier…:)— En vrai :), c’est juste que j’ai trouvé que toutes les toiles évoquant soit la nature, ou le château, étaient ratées. Ressemblaient à des tags moches, les faux marbres dans la salle de bal— pas terribles — bon je sais c’est pas très facile à faire — mais qu’il choisisse autre chose! Et les costumes de Barbara Matera, carrément laids aussi — trop criards, parfois m’évoquant pour certains –des mygales ou des taupes— (j’aime ces 2 animaux pour leur utilité, mais sur le plan esthétique– surtout la taupe– c’est pas la plus belle des espèces animales— pauvre chat:)…

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Parlons des danseurs:

Ashley Bouder, danseuse étoile de la compagnie depuis 2005, particulièrement athlétique, charmante et sensible, et que j’adore depuis toujours, jouait les rôles de femmes-cygnes: la première, amoureuse de son prince (cygne blanc), la seconde, fille du Sorcier (cygne noir) aux traits trompeurs de la femme-cygne amoureuse. Elle était très émouvante et fine dans son expression, en particulier en cygne blanc, quand elle tombe amoureuse, et ose montrer son vrai visage, ses vulnérabilités, s’abandonne avec confiance et douceur dans les bras du prince.
Elle dansait ce double rôle donc, avec beaucoup de sensibilité, dans les ports de bras, les mains, les doigts, le cou, pour faire vivre à la fois ses émotions changeantes, comme cygne blanc amoureux puis hyper triste, et aussi comme cygne noir maléfique et dur, et aussi sa double identité aviaire et humaine.

D’ailleurs — elle fit une erreur technique à un moment— c’est la première fois que je vois ça chez elle, après un nombre insensé de pirouettes, et ça ajoutait je trouvais même, à l’authenticité de la passion de son personnage — les erreurs, ça arrive aussi parfois… Heureusement qu’on n’est pas parfait— on s’embêterait — Le plus important, c’est de ne pas faire mal aux autres… je m’égare encore.

Je reprends, pas emballée je fus ce soir la, par Andrew Veyette, qui ne dansait pas avec assez de passion son rôle de prince- alors qu’il est capable de ça. Il faisait ça bien quand même, mais n’était pas aussi bon qu’il peut l’être. On n’est pas toujours au pic de sa forme.
Troy Schumacher, en revanche était donc, très en forme, et gai comme un pinson, comme fou du roi.
Et j’ai trouvé que le jeune Joseph Gordon, en Benno, ami du Prince, prend son envol :), ces jours ci — De magnifiques sauts — il est un peu jeune encore en terme d’expressivité émotionnelle, mais ça va venir, je sens.

D’ailleurs, je vous met un extrait de l’entrainement de Natalie Portman, quand elle a interprété Black Swan (2010) de Darren Aronofsky — (Ce réalisateur brosse un portrait des femmes-cygnes trop déprimant, détraqué, et douloureux pour moi— J’ai pas adoré ce film, alors que vous allez voir — je me fais une toute autre interprétation de la fin de cette histoire, qui ne se termine pas aussi mal que ça, si on sait regarder la vie de façon optimiste— croyez moi ça m’aide dans la vie:).

Donc regardez cet extrait, qui explique bien l’entrainement incroyablement intensif de ces athlètes et artistes fantastiques, que sont les danseurs:

 

Et sinon, au-delà de la danse pure, l’intrigue évidemment m’enchante aussi. Totalement romantique et slave évidemment (plein de malédictions et d’amour aussi:).
Je vous la résume:
J’adore l’idée qu’un magnifique jeune prince, puisse tomber amoureux d’une féerique femme-cygne, victime d’un sortilège infligé par un sorcier diabolique: cygne le jour, et femme la nuit, (en même temps ça doit être bien de pouvoir voler de façon majestueuse le jour, d’être si belle, élégante et silencieuse pendant la journée— on n’est pas obligée de parler à quiconque — il n’y a pas que des inconvénients :), et la nuit, on peut retrouver ses proches et son amoureux— moi je dis, c’est pas si mal finalement :).

Il apprend que pour faire voler en éclat ce sortilège, il doit lui professer son éternel amour et fidélité. Amoureux éperdu, il promet de l’épouser et de lui être éternellement fidèle.

Et l’histoire se corse, quand le sorcier maléfique rejoint avec sa fille, les invités à un bal donné en l’honneur du Prince. Sa fille, ressemblant à un cygne noir (symbole de magie noire— pas que de l’espèce qui existe aussi en noir — ils sont sublimes aussi) — et à laquelle le sorcier donne donc, les traits de la femme-cygne bien-aimée, pour que le prince— évidemment charmant, ce soir là aussi, et devant se choisir une épouse, soit immédiatement conquis.

Evidemment ça marche, malgré les essais infructueux de sa bien aimée– la femme-cygne amoureuse (cygne blanc) –qui cherche, pendant le bal, à prévenir son bien aimé de la supercherie, via des “apparitions”.

Le prince, sous l’effet du sortilège, jure alors son amour éternel à la fille du sorcier (cygne noir) — Tin tin tin … Evidemment, le sorcier, enchanté de son coup, révèle alors le piège dans lequel le Prince est tombé, brisant d’un coup le coeur du Prince, désespéré.

Dans la forêt, la femme-cygne amoureuse (cygne blanc) est au plus mal, son coeur en morceaux, et ses compagnes-cygnes — la force du groupe —cherchent à la consoler le mieux possible, pauvre loute…

Le prince accourt pour demander pardon à sa bien-aimée — qui le lui accorde— On pardonne beaucoup quand on aime — heureusement— on ne serait pas sorti de l’auberge sinon:), mais c’est beau quand même …

Et d’ailleurs la force de leur amour est telle, qu’il réussit à détruire, la dernière diablerie du sorcier maléfique, bien que, le Prince ayant juré 2 fois, son amour éternel, soit condamné à chérir et vivre sa passion pour sa bien-aimée (cygne blanc)– sous forme de femme-cygne éternellement….

Ca n’a pas que des inconvénients, moi je dis. En amour, les paroles, les mots, les écrits, sont souvent superflus. Pas toujours. Mais c’est surtout la présence, la bienveillance, la douceur, la gaieté, la joie, et évidemment les gestes qui comptent…

Et être, de jour, majestueuse comme un cygne, au sens propre comme au sens figuré, et femme, la nuit, moi je trouve ça –enthousiasmant– comme idée :)…