Jeudi 26 Mars 2015 NY Philharmonic— “The Enchanted Lake” par Lyadov, “Petrushka” par Stravinsky et “Schéhérazade” par John Adams. Thursday March 26th 2015— Lyadov’s “The Enchanted lake”, Stravinsky’s Petrushka and John Adams “Scheherazade”: compelling imaginative romantiscism at its acutest.
Avec Lyadov, je ne savais pas à quoi m’attendre, n’ayant jamais entendu parler de lui. Ayant reçu son enseignement musical de son père — chef d’orchestre pendant 20 ans du Mariinsky theater, cet être timide et reclus, décida assez vite de s’orienter vers la composition, et fut élève du grand Rimsky Korsakov. Il fut expulsé de son cours, puis réadmis, ayant fait trop souvent, l’école buissonnière.
Il aimait par dessus tout, le monde imaginaire des dragons, des fées, sirènes, lutins, gobelins. Les forces du bien et du mal.
Il disait de l’art, qu’il le nourrissait d’oiseaux de paradis. Pour la fanatique de contes de fées, et l’ornithologue en herbe que je suis, évidemment son univers me parle—
D’ailleurs, j’ai trouvé ce morceau absolument charmant et ensorcelant, et ai facilement imaginé quelques fées — bienveillantes pour certaines, et d’autres plus diaboliques aussi, un monstre du Loch ness, et peut être une princesse/une prêtresse se baignant dans un grand lac — Il est forcément grand :), par un beau jour chaud d’été.
Bref, je fus sous le charme — ensorcelée— et ça ne m’arrive pas tous les jours :).
Petrushka, est un ballet de Stravinsky, écrit pour les Ballets Russes de Serge Diaghilev– qui raconte en quatre scènes –l’histoire de trois marionnettes qui, en naissant à la vie, découvrent les difficultés de l’amour:
Il s’agit de Petrushka, une ballerine, et un Maure — qui —donc, (telle la statue Galatée, dont Pygmalion tombe amoureux à mesure qu’il la sculpte, et qui, avec l’aide d’Aphrodite, lui insuffle la vie), naissent également à la vie, et tombent tous amoureux.
La ballerine se découvre une préférence pour le Maure, à la grande tristesse de Petrushka, qui lui même, est tombé profondément amoureux de la ballerine. Un triangle amoureux classique. Ah l’amour, pas toujours simple. — D’ailleurs, ça se termine plus mal pour Petrushka, que pour Galatée (qui fini par épouser Pygmalion et lui donne deux enfants) —
Alors que Petrushka, fini assassiné par son adversaire, meure dans la neige— et retrouve son état de marionnette —Son fantôme s’élève au plafond– malheureux, grinçant, et clôture avec cynisme ce ballet— Très sombre et slave, évidemment.
Stravinsky, qui était encore tout jeune –29 ans –extrêmement vif, ne tenait pas en place, telle une libellule, virevoltant dans mille directions, — parlait parfaitement le français, et savait précisément ce qu’il attendait de l’orchestre. Il fut d’ailleurs totalement emballé par le chef d’orchestre assistant français– Pierre Monteux — de l’Orchestre Concerts Colonne— J’adore apprendre ça– toujours très patriotique, je suis.
Bref, Petrushka est donc un ballet très vivant, haut en couleurs, riche d’émotions — mais peut être trop sombre pour moi. J’ai toujours une nette préférence pour son “Oiseau de feu” qu’il a écrit juste avant Petrushka–que je trouve encore plus merveilleux, et qui se termine bien.
Pas que ce soit forcement nécessaire, mais le cynisme c’est pas mon truc, alors que la joie, l’amour, et la sérénité— en revanche — font toujours planer mon âme.
Avec Schéhérazade de John Adams, qui était la pièce maitresse que je voulais entendre ce soir là — une ” world première” — J’ai une relation passionnelle avec Adams — soit j’aime, soit je m’ennuie. Donc, j’étais impatiente de la découvrir.
Et j’ai toujours envie d’aimer la musique d’Adams, et j’adore la légende de Schéhérazade (plus que son orthographe compliquée :)— Donc, bref, j’avais vraiment envie d’aimer, mais comme dirait Carmen, “l’amour est enfant de bohème” — donc on ne choisit pas ceux qu’on aime –C’est notre coeur qui fait ça pour nous–et là, je me suis dans l’ensemble, ennuyée, ferme.
Je trouvais d’abord, qu’Adams avait une opinion de l’héroïne, et des 1 001 nuits — trop sombre— Il n’a pas complètement tort.
D’être obligée de raconter des histoires pendant –des nuits entières— 1 001 nuits donc– au roi pour ne pas être mise à mort le lendemain matin — n’est effectivement pas hyper facile, ni sain.
Mais j’ai toujours aimé l’idée, qu’elle se servait de son imagination féconde, pour tenir en haleine son public— le roi. D’ailleurs, elle y arrive si bien, pendant ces 1 001 nuits donc, que le roi fini par tomber amoureux d’elle, de son âme, de son inventivité. Et ça me rappelle aussi mon enfance, ou un de mes oncles préférés, nous racontait des histoires abracadabrantes tirées de son imagination, de contes de fées d’origines diverses — slaves entre autre, d’opéra— c’est malin — Regardez où ça me mène:) —
Bref j’ai aimé quelques passages quand même — bien qu’en fait, je crois simplement aussi, que je n’ai pas la même sensibilité érotique qu’Adams— que je trouve trop compliquée— sa sensibilité, par moments.
Non mais en même temps, c’est réjouissant que je sois plus à l’aise avec mon identité, sur ce plan là, que la sienne :).