Eclectique et gai.

Vendredi 20 Mars 2015 Esa- Pekka Salonen -Nyx, Ravel —Piano concerto in G major, Debussy Jeux— poèmes danse, Strauss –Der Rosenkavalier Suite: Thursday March 19th 2015 Esa- Pekka Salonen -Nyx, Ravel —Piano concerto in G major, Debussy Jeux— poems dance, Strauss –Der Rosenkavalier Suite: eclectic and joyful.

Je fus tout de suite sensible au morceau du finlandais Salonen, que je découvrais pour la première fois, et je ne sais pas si parce que j’étais encore secouée par le concert de Bjork— et sensible à ces influences du Nord, si mystérieuses et transcendantales, mais sa musique me parla tout de suite.

Il s’agit d’un morceau court  —un quart d’heure — très original —intitule “Nyx” inspiré par la déesse grecque du même nom –dont il existe plusieurs histoires la concernant.

Une déesse de la Nuit pour certains, pour d’autres, une fille de Gaia, la Terre, son union avec Erebus, produisant le Jour. Une autre version encore, dit d’elle, qu’elle est une membrane entourant le chaos, lui même issu du temps, le chaos, ayant Phanes (la lumière) en son épicentre, et que l’union de Nyx et de Phanes, engendra le Paradis et la Terre.

Sa personnalité nébuleuse, mystérieuse, et son caractère insaisissable, ont inspiré l’ambiance de ce morceau, également difficile à qualifier, mais d’une grande poésie énigmatique, secrète, subtile, presque occulte. Bref, je fus emballée par tant de mystère.

Ravel est un compositeur que j’aime énormément, et depuis toujours. En particulier, j’adore le “Boléro”, et je ne connaissais pas ce concerto pour piano– Et comme toujours, j’aime agrandir le champ de ma culture musicale. Souvent, je fais de belles découvertes. Et avec cette pièce, ce fut à nouveau le cas.

Ce morceau riche d’influences variées– classique et jazz (le jazz étant très à la mode à Paris aussi à la fin des années 20), qu’il avait en gestation en lui pendant de nombreuses années, et qu’il acheva après un tour dans le nouveau monde — à New York (il y fêta son anniversaire et y rencontra un artiste dont Il admirait le talent prodigieux, et qui visiblement influença la couleur et le rythme de ce morceau — que de mon côté, j’aime énormément –et que j’entends encore beaucoup, sur des morceaux de danse au NYC Ballet, ou même dans certains morceaux d’Ella Fitzgerald, que j’écoute aussi, ces jours-ci comme “Someone to watch over me”.

IMG_3972

Il s’agit de George –sans “s” en anglais- Gershwin, qui admirait également le travail de Ravel, et voulait étudier avec lui). Ravel refusa, lui disant qu’il perdrait son extraordinaire spontanéité et créativité musicale.

J’adore découvrir la modestie de Ravel, qui par ailleurs, savait qu’il n’était lui même qu’un bon pianiste, et pas exceptionnel, mais qui ne s’en émouvait pas plus que ça, parce que savait que son talent, résidait dans la composition musicale. Et était heureux de ça, et en paix avec son manque de génie comme pianiste. Moi je dis bravo!

Tout ça pour vous dire que ce morceau possède une gaieté, un envol, une légèreté jazzy très divertissante, qui m’a enchanté.

Debussy — J’aime énormément, et depuis longtemps, le mouvement, la poésie qui se dégagent de son morceau “la Mer” et avais hâte de découvrir ses “Jeux” — écrits pour les Ballets Russes de Serge Diaghilev et le grand danseur Nijinsky.

Cela devait à l’origine raconter l’histoire d’une partie de tennis interrompue par un crash d’avion (ce dernier détail— le crash– fut éliminé à la dernière minute). Nijinsky voulait que l’action raconte un rendez-vous amoureux entre trois hommes, et puis ça vous amusera de savoir, que finalement Nijinsky changea d’avis, et choisi de dépeindre un homme pour deux femmes.

Nijinsky du coup, fut moins motivé par le projet — D’ailleurs Debussy détesta la chorégraphie de Nijinsky — pas toujours simple les collaborations. Bref — ça m’amuse de vous raconter ça. La musique est considérée comme très avant-gardiste pour l’époque — en particulier par Pierre Boulez, mais personnellement, je me suis ennuyée. N’ai pas réussi à imaginer la partie de tennis– le tennis, un grand sujet dans ma vie pourtant :), et j’ai trouvé la musique compliquée, et trop intello pour moi.

Der Rosenkavalier suite. Alors, j’adore depuis que j’ai découvert, il y a quelques années  — l’opéra du même nom, de Strauss, qui fut un immense succès à son démarrage en 1911. Je vous résume L’histoire. Il s’agit d’une femme, d’une princesse, la Marschallin une femme d’un certain âge– délaissée par son mari –qui prend un jeune amant de 20 ans son cadet, et qui se sacrifie, quand elle réalise que son jeune amant, tombe amoureux, alors qu’il lui porte une rose  –de la part d’un autre prétendant— d’une ravissante jeune fille de son propre âge.  Le sacrifice — toujours un thème évocateur qui rattrape l’idée du pêché.

Et puis le libretto, d’ailleurs, du très raffiné Hoffmannsthal est sublime– mais je m’égare. Tout ça pour vous dire que le succès de cet opéra hyper sentimental à la musique hyper romantique — sublimes valses pour les amateurs– était tel, qu’en 1944 un arrangement de cet opéra sous forme d’une suite, fut développé, par un musicien non identifié— qui est le morceau qui nous fut donné d’entendre ce jour là, avec un arrangement du chef d’orchestre du Philharmonic — Alan Gilbert –plus proche de l’opéra– sur la fin.

C’était toujours aussi somptueux, mais je crois que je préfère l’opéra encore, à cette version orchestrale, qui m’émeut encore davantage, de façon plus viscérale, sur les aléas de l’amour.