Samedi 31 Janvier 2015— Frick museum— collection permanente et chef d’oeuvres d’El Greco et du Scottish National Gallery. Saturday January 31 2015 — Frick museum— Permanent collection and masterpieces from El Greco and from the Scottish National Gallery: great eclectic taste and great savvy eye regarding European works (whether Italian, Iberic, Flemish, Anglo-saxon or French).
N’avais pas encore emmené mes enfants là bas — car ils ne sont admis qu’à l’âge de 10 ans— Comme mon fils est géant— je n’ai eu aucun mal à le faire entrer –malgré ses 8 printemps— et comme il continue à faire – 15 dehors, l’idée de rester dehors des heures ne m’emballais que très moyennement — et de toute façon ma famille aime bien les musées— ils savent qu’ils ont pas le droit de râler:)— Non mais en même temps, on fait pas que ça de la journée :).
Bref, et voulais leur faire découvrir cette collection fantastique dans un lieu magique— que je n’avais pas été admirer depuis quelques temps, et l’hiver glacial ici est totalement idéal et propice à ce genre de promenades en famille—
Alors d’abord, la magie émane — du splendide jardin intérieur d’hiver, avec son immense verrière au plafond— appelé Garden court –— hyper méditatif avec ses fontaines, ses deux grenouilles à chaque bout du bassin, qui “crachent” un filet d’eau concentré — La flore qui habille le bassin— dont de très belles orchidées ces jours -ci— ajoute au caractère harmonieux du lieu — et d’un coup, repose immédiatement l’âme.
Ensuite, Mr Frick, avait un goût hyper sûr en matière de tableaux et de sculptures, et sa sublime maison, héberge également des expositions temporaires fantastiques.
De la peinture italienne, 5 tableaux ont retenu mon attention— « La vierge adorant l’enfant Christ endormi » par Botticelli (qui vient du Scottish National Gallery)— m’a particulièrement plu, car me fait penser à ma petite soeur qui vient d’avoir son premier enfant, et qui ressemble à un Botticelli, tellement elle est belle.
Le deuxième, c’est un Bellini fabuleux— probablement— à mon avis– le plus beau, de Bellini– Saint François d’Assise dans le désert— qui reçoit les stigmates— La lumière divine irréelle d’Assise que j’adore venir admirer l’été –en famille– est parfaitement restituée, évoquant avec mystère, la beauté mystique de ce lieu sacré.
Le troisième, c’est une paire de Véronèse fantastique: le premier évoque le choix d’Hercule entre la vertu et le vice— c’est la vertu qui gagne bien, que la femme qui représente le vice, ai l’air d’être plus jolie — Il en connaissait un bout sur l’existence –même si on ne la voit que de dos— mais en même temps, l’imaginaire c’est ce qu’il y a de plus capital— Donc c’est la vertu qui gagne –C’est pas forcement évident :).
Quand au deuxième Véronèse– le choix d’Hercule entre la force terrestre et la sagesse céleste— si magnifique, est également inspirant. Là encore, c’est la sagesse qui a l’air la plus épanouie— c’est bien. Ca fait rêver et donne du courage.
Les deux derniers italiens— moins importants que les 3 premiers à mon avis –sont néanmoins charmants –et je les aime pour les mêmes raisons: il s’agit d’un Bronzino représentant un très beau jeune homme Lodovico Capponi –ainsi qu’un Titien — « portrait d’un jeune homme au chapeau rouge ». Tous les deux ont des traits très fins et distingués, et des vêtements/atours magnifiques -honorant les couleurs de sa famille, pour le Bronzino — le noir et le blanc— très Chanel et chic, 🙂 et une fourrure sublime, pour le Titien, signe de son statut social aussi.
Mais c’est surtout la mélancolie dans les yeux du garçon, dans le Bronzino, qui me parle– Et une douceur dans ceux du garçon, peint par le Titien, que je trouve — très bouleversante. Et l’un comme l’autre, avec leur épée entre aperçue — m’évoquent également leur grande virilité—et ça c’est évidemment, toujours un plus :).
Chez les espagnols, deux tableaux m’ont particulièrement parlé: C’est le Saint Jérôme d’El Greco— qui m’a le plus touché– si sérieux et intelligent, et dont on sent la ferveur, et la grande capacité de travail — (il a passé de nombreuses années à traduire la Bible): la beauté de ses longs doigts sensibles, vifs et intelligents, m’a particulièrement plu.
Et aussi le portrait par Velasquez, du roi Philippe IV d’Espagne, qui m’évoque de façon spectaculaire –le pouvoir dans toute sa splendeur —conféré par la magnificence et richesse des tissus fastueux du souverain —On dirait presque de l’argent massif— Ils sont presque— physiquement– éblouissants.
Chez les flamands, il y en a six. C’est sans conteste, l’autoportrait de Rembrandt — dont le visage si habité de sagesse, est particulièrement impressionnant. Et ses mains d’artiste aussi, au premier plan, dont on sent la créativité immense– et le point auquel il y tenait— dégagent une grande personnalité. La lumière dispensée par ses vêtements, m’évoque également sa grande confiance en lui — son confort avec lui même, au fur et à mesure qu’il avance en âge — si réjouissant de sentir que la sagesse et le confort, progressent avec l’expérience. Son portrait du jeune cavalier Polonais est très beau aussi —
En particulier, la sérénité qui émane de son visage, m’évoque la grande fierté et l’héroïsme de ce jeune premier, visiblement adroit de ses mains, et valeureux. Sinon j’ai particulièrement aimé son portrait de Nicolas Ruts, si sensible et vivant, dont on sent qu’il admirait l’intelligence de cet homme. Mais aussi, le portrait par Van Dyck de Frans Snyders, très aristocratique et délicat dans ses traits– et ayant l’air si sensible— c’était un poète — ce qui ne m’étonne pas une seule seconde.
Mais le clou étant certainement, deux Vermeer fantastiques: le premier met en scène une jeune et jolie maîtresse et sa suivante. L’intensité du dialogue devinée –et la complicité entre elles —sont très impressionnantes— et conférée également par l’éclat fulgurant /le jeu de lumière de la boucle d’oreille de la jolie maîtresse –une perle qui brille d’un éclat presque surnaturel— et par l’argenterie, à l’arrière plan, particulièrement miroitant aussi.
Le second, -que j’aime encore davantage– dépeint une scène de conversation intime, gaie et heureuse, dans une cuisine ou un office– entre deux personnages, attablés de façon détendue. Il s’agit d’un officier et d’une jeune femme épanouie /rieuse, éclairée par— la lumière du jour, au caractère presque angélique— la fenêtre est ouverte —et la douceur de cette lumière, m’évoque l’amour et la grande complicité partagée entre eux.
En fine, deux autres tableaux hyper connus, m’ont également touché par l’intensité de leur coloris, et la vivacité des expressions. Il s’agit de deux portraits par un Allemand –Hans Holbein le Jeune– de deux ennemis jurés: Thomas More et Thomas Cromwell— aux expressions hyper intenses—Ca finit mal pour tous les deux d’ailleurs—– ce qui n’est pas très étonnant —
Chez les anglos- saxons, ce sont surtout quatre tableaux– deux portraits: le portrait de Lady Agnew of Lochnaw par John Singer Sargent — La très grande beauté et l’intelligence vive, devinée de cette femme, est à couper le souffle, et aussi un portrait, d’une jeune fille charmante, Sarah, Lady Innes, par Gainsborough qui évoque le charme des jeunes filles en fleurs, encore en plein épanouissement—déjà si féminines, et aussi très gaies et innocentes.
Et aussi deux Turner fantastiques, qui évoquent simplement la poésie de l’existence. Il rend hommage –d’une façon presque féerique et miraculeuse — à notre astre le plus précieux, le soleil — qui éclaire et réchauffe de façon si unique et fantastique, notre existence— Spécifiquement, il dépeint avec une émotion infinie, d’immenses tableaux de Dieppe au lever du jour, et Cologne alors que le soleil se couche — et c’est juste, sublime.
Et j’ai gardé les tableaux français— c’est mon coté cocorico pour la fin :). Il y en a trois, et des fresques décoratives. Des tableaux, mon préféré est sans l’ombre d’un doute –un Watteau, issu du Scottish National Gallery également— intitulé Fêtes Vénitiennes— qui dépeint avec candeur, retenue et érotisme, dans un magnifique parc, aux sculptures sensuelles — les plaisirs de la danse et de la musique d’un couple– sous le regard d’un autre admirateur de la danseuse — le musicien, qui a l’air amoureux— La jeune femme a l’air pensive et dissimule ses sentiments— les femmes, toujours des êtres complexes :).
Sinon, par Gabriel de Saint Aubin “the Private academy’” est d’un abandon, et d’une intimité folle — et le modèle féminin, d’une immense sensualité— et on a du mal à ne pas imaginer les pensées pas uniquement honorables, du peintre dans le tableau, /tout comme hors du tableau— pour son modèle :).
Le dernier, est considéré comme un peintre plus mineur par beaucoup, mais j’ai toujours été très touchée par la grande poésie bucolique de ce peintre— ll s’agit de Corot, et de son tableau “le Lac”, qui met en scène de magnifiques arbres, des vaches (j’aime aussi les vaches, depuis toujours), et un promeneur, pensif devant le lac. Les arbres en particulier, sont d’une poésie féerique, et me plaisent immensément.
Et le clou pour moi, chez les français, est très certainement— mais c’est parce que je suis une grande romantique depuis toujours, des fresques décoratives immenses — presque un mur entier par fresque –de Fragonard — qui ornent les quatre murs du salon de Mrs Frick.
Elles racontent les quatre stades de l’amour—1) la rencontre dans un parc— au caractère presque illicite, tellement c’est intense, 2) la poursuite dans le parc, avec l’amant offrant une rose à sa bien aimée, 3) l’amant couronné de roses par sa maitresse, dans le parc et 4) mon préféré –les lettres d’amour échangées entre les amants, dans le parc.
Une immense langueur, sensualité, et douceur entre eux est palpable et totalement bouleversante. J’aurais été amie avec Mrs Frick.