MET Opera House— Lincoln Center –Lundi 09 Février 2015 : “Carmen” de Bizet MET Opera House— Lincoln Center —Monday February 09 2015 : “Carmen” by Bizet : particularly heartfelt about love’s ultimate hold on beings and its eventual extreme consequences.
“Carmen” est décidément un de mes opéras préférés, et j’étais ravie de le revoir quelques semaines plus tard, avec une nouvelle interprète — car ça change tout.
De toute façon déjà– à la base c’est sublime— 1) sublime musicalement: le nombre d’airs hyper connus (quel génie Bizet) me fascine à chaque écoute, 2) sublime d’expression culturelle riche, profonde et variée: à la fois populaire, gitane, espagnole, et même militaire, (le rythme, la musique, la danse, le chant, les vêtements, la notion d’engagement) —
Que ce soit sentimental, familial, patriotique –en conflit— avec la notion de liberté dans toutes ses expressions (le banditisme vs un métier pour survivre, le voyage permanent vs un domicile pour élever sa famille et avancer /évoluer; l’amour libre, désinvesti vs le mariage pour ne pas souffrir, ou compromettre son identité; la fascination pour la beauté vs la bonté, la sensualité vs le devoir, la mort vs la vie, le fatalisme vs la responsabilité, la sorcellerie vs la discipline et le talent, le rituel vs la nature, le suspens, l’inconnu vs la certitude: la poésie, la mise en scène vs le laisser faire — et que ce soit dans la vie, ou s’agissant de culture gitane ou de tauromachie, et enfin si fort, sur la fascination mystérieuse et absolue qu’un être peut exercer sur un autre, et les conséquences dramatiques qui peuvent parfois s’en suivre.
La mise en scène bien que classique permettait de “lire” l’histoire avec facilité et dynamisme, mais pourrait être plus moderne. Les costumes, pas toujours très réussis — n’aime pas toujours ceux de “Carmen”, qui ne la mette pas assez en valeur — moches même donc, par moments— au début du deuxième acte en particulier—ça s’arrange sur la fin — heureusement.
Sinon c’est bien, il y a toujours de nouvelles découvertes avec chaque représentation, et surtout, chaque interprète. Et ce soir là, j’attendais donc avec impatience, la performance de la magnifique Elina Garanca— Lettonne d’origine— brune– pour l’occasion.
En même temps, j’aurais trouvé ça plus intéressant qu’elle reste blonde— D’accord, il y a moins de blondes espagnoles — mais on peut quand même imaginer que ça existe, et ce serait moins attendu, et travestirait moins sa personnalité profonde, à mon avis. Mais je m’emballe—ça m’arrive :). Démarrer par le début d’abord.
1) Sa voix: Techniquement fantastique– toujours hyper important— d’ailleurs le plus capital— la base sur laquelle construire— bien que je trouve que par rapport à d’autres performances d’elle de Carmen, que j’ai découvertes sur youtube (je vous met ça plus loin— patience) — son français n’était pas assez clair— ce qui est dommage, car le libretto sur l’amour est non seulement magnifique, mais aussi si juste— “ l’amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser, et c’est bien en vain qu’on l’appelle, s’il lui vient de refuser, rien n’y fait ni menace, ni prière. L’un parle, l’autre se tait. Et c’est l’autre que je préfère. Il n’a rien dit, mais il me plait “.
2) Son jeu de scène— C’est la ou je trouve que le bat blesse un peu: je ne la trouvais pas assez gitane, comme actrice. Très belle, très féminine évidemment, mais trop balte, d’une intensité slave formidable, mais pas assez ensoleillée, un peu raide comme actrice et danseuse.
C’est un rôle pas évident — tout le monde l’attend au tournant en plus, évidemment — que ce soit, son entrée en scène, ou à l’heure de sa dernière heure –qui se doit d’être lascive, ensorcelante, d’une féminité presque insoutenable, d’une sensualité folle, presque animale– enfin c’est comme ça que je me l’imagine — une femme hyper fougueuse — peut être un croisement entre la féminité, le charme infini et presque animal de Marilyn, la lascivité, la sensualité, la chaleur, la liberté, l’intelligence de Claudia Cardinale ou de Monica Vitti, la beauté, la sauvagerie et la fragilité d’écorchée vive d’Isabelle Adjani jeune — capable à son contact, d’enflammer en un instant l’imaginaire des hommes, comme seules les immenses beautés archétypales en sont capables — Ca doit être dingue :)— Faut rigoler un peu, chèr(e)s ami(e)s:).
Donc comme promis, je vous joins une version, d’un air lors d’une soirée “ musique classique”— (c’est mieux pour elle je trouve, que quand elle est “Carmen” dans l’opéra lui même)– d’Elina en blonde, et robe longue —très élégante– ou son charme immense, plus retenu je trouve— est bien plus débordant de mystère, d’intérêt et de féminité unique, et qui lui est propre– que quand elle essaie d’être “espagnole”.
http://youtu.be/jGFUKsv1epk
Par ailleurs, Roberto Alagna, le ténor français, comme son nom ne l’indique pas –en Don Jose, était fantastique de virilité et de dévotion, qui s’intensifie au fur et mesure de l’histoire– presque aveugle, puis meurtrier (formidable, car pas évident de faire ça bien de façon crédible et touchante à la fois— et en plus — oh joie–son français — Alléluia –donc est parfait :)— tellement plus agréable de comprendre avec grande clarté le texte— plutôt que d’entendre une mayonnaise vaguement gauloise :).
Micaela, chantée par la talentueuse Ailyn Perez était, à mon goût, trop femme — Je préfère quand il y un plus grand contraste sensuel entre Carmen et Micaela, qui pour moi se doit d’être plus jeune, plus pure — un agneau attendrissant— pour que l’on puisse croire que Don Jose choisisse Carmen, à la place de Micaela— Si elle est trop pleine de qualités— y compris sensuelle — on a du mal à croire que Don Jose l’abandonne, pour Carmen—
En même temps je suis une femme — je ne sais évidemment pas de quoi je parle— peut être que justement le fait que Carmen représente uniquement l’interdit — un rêve– interdit (quel que soit les qualités de femme de Micaela), est justement la clef /le coeur de la fascination qu’elle exerce, sur le soldat droit qu’est Don Jose au début de l’opéra.
Ca se corse évidemment après— Don Jose perd progressivement son latin au contact de Carmen– sinon c’est pas intéressant.
Quand au nouvel objet de la passion de Carmen, le toréador (le très beau baryton hongrois Gabor Bretz— il est très grand, et beau comme un Dieu— évidemment ça me parle :)— D’ailleurs, il y avait plus d’atomes crochus entre Elina et lui, qu’entre Elina et Roberto (moins grand:)— Ah les balto-slaves qui se retrouvent, évidemment ça fait des étincelles :).
Bref, une excellente soirée pour les amateurs d’histoires d’amour fantastiques, enflammées et absolues— Vive l’amour ! Vive l’Espagne! Vive Carmen ! Olé!