21 century Choreographers Jeudi 02 Octobre 2014– Lincoln Center NYCB. 21 century Choreographers Thursday October 02nd 2014– Lincoln Center NYCB — A fantastic, joyful, vibrant, imaginative et magnificent classical dance evening.
Et j’ai même rencontré avec mes amies un des jeunes chorégraphes, Troy Schumacher, jeune danseur et chorégraphe venant du Sud– Géorgie — (C’est drôle, le ballet attire surtout des danseurs du Bible belt, avec quelques New Yorkais aussi) — pendant l’entracte —à qui– telle une journaliste — une idée, 🙂 j’ai posé plein de questions, et qui nous a parlé de son morceau (comment il a été choisi par le Ballet Master in Chief Peter Martins (en organisant spontanément, des pas, avec ses camarades danseurs, pendant leurs pauses dans les studios), quel format était imposé en terme de durée — (10 minutes), quelle musique choisie -(un compositeur contemporain), quels danseurs, quels costumes (Thom Browne– grand styliste masculin). Bref, passionnant!
Donc un bol de fraicheur, d’énergie et d’originalité, imaginé par ces jeunes chorégraphes en vogue américains, britanniques et russes — Les 4 dernières chorégraphies, sur les six morceaux dansés, étant présentées pour la toute première fois au public, haletant, à l’idée de découvrir ces nouveaux trésors.
Morgen, sur une musique lancinante de Strauss– chorégraphié par Peter Martins– était très simple et épurée, m’évoquant de jeunes dieux dansant sur le Mont Olympe, en fin d’après-midi. La beauté de la musique et du chant lyrique, (sublime soprane Jennifer Zetland) était à couper le souffle — et apportait un romantisme supplémentaire à la langueur, et au calme de morceau assez lent.
J’ai trouvé Maria Kowroski, particulièrement inspirée — surtout quand elle dansait seule, telle Artémis, solitaire et pure — Ai moins aimé Amar Ramasar, sur ce morceau, qui était un peu trop sec, quand il faisait virevolter ses partenaires –malgré deux ou trois portés très originaux, et quelques regards, doux et tendres.
Justin Peck (mon chorégraphe préféré du moment), dansait également, et ses allures de Grace Kelly, lui conférait une grâce supplémentaire, un peu surannée. Et lui, fait tourner ses partenaires, comme personne. Sterling Hyltin était gaie, légère, charmante tel un magnifique papillon, comme à son habitude, Sara Mearns, toujours aussi sculpturale, athlétique, et sexy, et Ask La Cour, le grand danois, élancé et timide, toujours aussi séduisant, tel un félin, silencieux et agile.
Sur this Bitter Earth — la sublime musique de Max Richter — tirée du film Shutter Island, et chorégraphié par Christopher Wheeldon — chaude, mélancolique et aux paroles pleines d’espoir sur le monde magnifique dans lequel nous vivons, accentuait encore la grande magie, entre la magnifique Wendy Whelan– toujours aussi originale dans ce qu’elle dégage — un grand mystère–une grande fluidité — et une grâce d’un autre temps– presque surnaturelle— et Tyler Angle grand, attentif, et élégant –avec lequel elle a un plaisir évident à danser. Un véritable enchantement.
Clearing Dawn– était le plus énergisant, personnel, idéaliste et gai des morceaux –qui donnait — avec une évidence fantastique a observer–le plus de plaisir aux danseurs à interpréter— .Chorégraphié donc par le jeune Troy Schumacher, que j’ai rencontré — voir plus haut- sur une musique magnifique– conceptuelle tout en étant très mélodieuse– de Judd Greenstein, aux costumes somptueux et gais de Thom Browne, (fortifiait encore l’idée d’enthousiasme, de fraicheur des années d’adolescence en pension en Angleterre ou en Suisse, qui se dégage de ces jeunes danseurs, prêts à conquérir le monde, et même à s’y affronter (scènes de combats amusantes) — malgré la rigidité des couleurs (gris souris et blanc) et de l’uniforme imposé, et des immenses manteaux dont ils sont revêtus au départ, (très joli effet pour faire disparaitre le manteau, et donner libre cours à leur énergie juvénile cachée en dessous): bref un bol d’air frais.
Des danseurs, ceux qui m’ont particulièrement plu, furent Georgina Pazcoguin, qui dégageait une sensualité tropicale particulièrement gaie, avec David Prottas, mais aussi Andrew Veyette, qui avait l’air de s’amuser immensément, et enfin Teresa Reichlen, qui était surtout impressionnante, dans les scènes de combat.
Funérailles, sur une musique sombre mais magnifique de Franz Liszt, chorégraphié par le britannique Liam Scarlett– le plus sombre des chorégraphes, et son choix musical et de costumes magnifiques, d’Alexander Mc Queen— intensifiait l’atmosphère presque goth du couple évoluant– magnifique Tiler Peck, aux faux airs de Nathalie Portman, dans une robe spectaculaire — croisement entre “Autant emporte le vent”: et robe de flamenco– avec son mari, le beau Robert Fairchild.
Robert, réussit de façon adroite et très touchante, dans l’histoire, à réveiller les ardeurs de la belle Tiler, malgré sa quasi paralysie d’expression de départ — par la douceur, l’économie, et la simplicité de ses gestes (la tendresse de ses regards, et la délicatesse de la manière dont il lui prend la main). C’était beau et mélancolique.
Avec “Belles lettres”, sur une sublime musique de César Frank, (un solo de piano avec accompagnement de quintette à cordes a tomber par terre de beauté), malgré des costumes pas hyper réussis — surtout pour les hommes, drôles de “Arlequins” et les tutus longs des danseuses, étaient un peu fades— Malgré ces bémols, ce fut très certainement, le morceau qui m’a le plus enthousiasmé, et fait rêver, en termes de chorégraphie pure. (Evidemment il s’agit du très talentueux Justin Peck, danseur et le Resident choreographer du NYCB depuis le mois de Juillet 2014)— dont le souffle– m’évoque dans sa simplicité —certaines chorégraphies originales de Balanchine — avec une rapidité, une grâce, et originalité d’organisation des corps dans l’espace, très bluffant– Et les danseuses réussissaient aussi — ce qui est difficile en danse — à créer un effet d’ensemble particulièrement réussi — Magnifiques et féminines Rebecca Krohn, Lauren Lovette, Ashley Laracey et Britanny Pollack.
Enfin le dernier Morceau “Pictures at an exhibition”: sur un sublime solo de piano de Mussorgsky, (que j’adorais enfant, alors évidemment j’étais déjà dans de bonnes dispositions), sur une chorégraphie du très talentueux Ratmansky — présentant une world première, avec des projections sur écran de tableaux modernes, m’évoquant les formes géométriques colorées de Kandinsky (j’ai vérifié, il s’agit d’un prêt de deux toiles “Color study Squares” et “Concentric circles” qui vient de la Stadtische Galerie à Munich– je m’impressionne :), et dont les costumes splendides d’Adeline Andre (très Courreges meets Picasso), accentuaient encore l’impression, que les oeuvres picturales, quittaient leurs toiles pour danser ensemble –réveillées par une envie inéluctable de se retrouver.
Beaucoup de légèreté et de grâce, de la part de tous les danseurs, et j’ai particulièrement admiré Wendy Whelan, dont je sais qu’elle quitte la compagnie dans moins de 15 jours– pour aller vivre d’autres aventures– donc je l’ai bien regardé pour en profiter le plus possible — car elle est vraiment inhabituelle, et incroyablement originale et belle, quand elle danse.
Bref, une soirée géniale, gaie, et magnifique!