La nature humaine face à l’amour: une fable légère, élégante, profonde et cynique.

Lundi 22 Septembre 2014: Soirée d’ouverture de la saison d’opéra au MET: “Le Nozze di Figaro” de Mozart

Monday September 22nd 2014 MET Opening night : “Le Nozze di Figaro” by Mozart: Human nature in matters of love: a whimsical, beautiful, profound, cynical fable.

Les tenues des américaines étaient comme toujours exceptionnelles — Elles sont rarement décevantes. Plumes, rivières de diamants, strings violets pour certaines, fourrures de malade– j’adore regarder. Coiffures crantées. D’autrefois. J’adore cet espace temps complètement surréaliste et hors de notre temps, qui démarre chaque année alors que ce public est assez conservateur et timide habituellement, par la tradition suivante: tout le public se lève comme un seul homme juste avant le démarrage de l’opéra, et entonne à gorge déployée, l’hymne national “the Star-Spangled Banner” — magnifique et très haut -pas exactement facile à chanter – hommage  fantastique à la liberté et au courage –la main sur le coeur. J’adore!

Cette ouverture/démarrage de la saison d’opéra est chaque année un rendez-vous culturel et politique. Cette année d’ailleurs, nous avons eu le droit à des manifestants extrémistes juifs, qui manifestaient contre le fait que le MET, d’ici un mois, met en scène un opéra contemporain “the Death of Klinghoffer”, racontant un fait divers politique (meurtre par des pirates terroristes en 1985 du dit Klinghoffer) et râlaient en soutenant que le MET ainsi, faisait la promotion d’actes terroristes.

Il va falloir que quelqu’un leur explique que l’art sert aussi, à faire réfléchir sur la condition humaine dans toutes sortes de contextes, et que de mettre en scène des productions contemporaines, est le signe que cet art n’est pas tétanisé dans son passé, et en train de s’enfoncer tel Venise dans des eaux marécageuses. J’adore Venise, c’est un décor de théâtre magnifique, mais un peu figé dans son passé, plus qu’une cite oxygénée par “l’air du temps” — comme dirait Nina Ricci :).

Du coup, c’était pas simple d’accéder a l’entrée — sans se faire insulter (moi pas –ça doit être ma robe couleurs tournesols :), mais certaines de mes copines si!

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Sinon, comme toujours notre opéra hier soir “le Nozze di Figaro”, continue à m’éblouir et m’enchanter. Elégant, d’une beauté à couper le souffle, musicalement et dans son libretto, profond, gai, délicat, poétique, douloureux, démontrant la capacité humaine à masquer ses sentiments, à tromper autrui par ennui, ou pour réveiller un amour qui s’éteint.

Bref passionnant et si juste, universel, et intemporel sur la condition humaine — tout ce que j’aime. Et surtout, Da Ponte, le librettiste fétiche de Mozart, avec lequel il a collaboré aussi pour “Cosi fan tutte” et “Don Giovanni” — délivre je pense, le plus poétique de ses écrits, sur la nature de l’amour—  Et comme tout l’opéra est traduit, avec des sous titres, on en profite bien :). Trois arias en particulier sont fantastiques:

La première fois que l’on découvre la comtesse —allongée dans son lit — elle parle de combien l’amour retrouvé, lui permet de supporter la tristesse de celui qui disparait– avec un chagrin et une mélancolie magnifiques –la soprano américaine Amanda Majeski dont c’est le “debut” au MET était exceptionnelle — très Lauren Bacall like — une couleur ambre et chaude dans la voix, rare pour une soprano — fantastique. Costumes et décors années 30, renforçaient cette impression.

Cherubino interprété(e) par une américaine, Isabel Leonard, que j’aime moins vocalement, mais excellente actrice, délivrait avec grande sensibilité, une lettre d’amour à la comtesse ou “il” décrit ses sentiments pour elle, alors qu’ils sont tous les deux assis sur un lit prêts à s’embrasser –et lui demande si elle pense que c’est de l’amour, étant donné que les femmes sont des expertes en la matière– Et ses descriptions si romantiques m’ont infiniment touché– mais évidemment je suis une grande romantique depuis toujours :).

Susannah, la sublime allemande soprano Marlis Petersen, était à mon avis–la plus exceptionnelle — rayonnante, en ébullition, épicée, juvénile, passionnée, et ai adoré quand elle appelle son amant à venir la rejoindre sans tarder, tellement son envie de le retrouver est puissante — d’ailleurs Figaro, la basse russe Abdrazakov — viril, plein de fièvre et de force, était très persuasif pour communiquer l’immense intimité entre eux d’ailleurs, dès la première scène– des atomes crochus et une passion indéniables entre eux.

L’orchestre était attentif et parfait– bref on a passé une excellente soirée et en sommes ressorties mes 10 copines et moi, avec des étoiles plein les yeux. Vive l’opéra !!!